L’avion de combat du futur


Dans la seconde moitié des années 1960, le constructeur aéronautique français Dassault reçoit la mission d’étudier plusieurs projets d’avions à géométrie variable, désignés sous le nom de Mirage G, destinés à équiper l’armée de l’air et l’aéronavale françaises en intercepteurs ou répondre au programme RAGEL (reconnaissance, attaque et guerre électronique lointaines). Quatre prototypes sont construits, mais aucun ne débouche sur une fabrication en série. L’État-major de l’Armée de l’air (EMAA) définit le 1er juin 1972 un projet de fiche-programme pour un avion de combat monoplace et biréacteur, chargé des missions de défense aérienne, de couverture, d’attaque et de reconnaissance. Cet « avion de combat futur » est doté d’une aile fixe avec une flèche de 55°. Cet angle présente le meilleur compromis d’après l’expérience établie sur les mirages à géométrie variable, dont le mécanisme complexe est abandonné pour simplifier la structure et diminuer les coûts. L’avion est équipé de deux réacteurs Snecma M53[5], seul moteur récent disponible et pour obtenir une bonne sécurité d’utilisation. Enfin, le fuselage est de dimension suffisante pour recevoir une antenne radar de grand diamètre. Le ministre de la Défense nationale demande le 28 juillet 1972 que soient établies les bases viables pour ce programme, au point de vue opérationnel, technique et financier. Un groupe composé de la Direction générale de l’armement, l’état-major des armées et l’état-major de l’Armée de l’air définit en août 1972 les objectifs d’une phase de définition, que le ministre lance le 14 novembre 1972. Les premiers résultats de la phase de définition sont connus le 11 mai 1973 : la livraison des avions monoplaces de défense aérienne équipés d’un radar à impulsions à partir de mai 1980, des avions de pénétration à partir de mi-1983 et le remplacement du premier type de radar par un radar Doppler pulsé en 1985. Le contrat du premier prototype est notifié à Dassault le 5 décembre 1973, avec la réalisation d’un premier vol en juillet 1976, le programme prévoyant quatre avions de développement et une cellule d’essais statiques. La cellule est basée sur les études réalisées autour de la série des Mirages G et devient le Dassault G8A. Des changements sont apportés en janvier 1974 avec un décalage des versions, le modèle de pénétration étant mis en service pour 1980 et celui de défense aérienne en 1983. Ces modifications tiennent aux enseignements de la campagne d’essais nucléaires en 1973 au Centre d’expérimentations du Pacifique (CEP). Ces essais montrent la possibilité de réaliser une tête nucléaire miniaturisée et un missile dédié (le futur Air-sol moyenne portée (ASMP)). Il germe aussi l’idée de passer directement à un radar doppler, pour éviter la solution temporaire d’un radar à impulsion. Ces décisions sont confirmées le 28 mars 1974 par le ministère, après le lancement du développement du missile air-sol à tête nucléaire en février 1974. La version « Pénétration et Attaque à basse altitude » sera opérationnelle avant le 1er janvier 1980 et le missile en 1981. Pour plus d’informations, allez sur le site de ce vol en avion de chasse. Après les élections présidentielles de 1974, le projet budgétaire de 1975 n’inclut pas les crédits pour une sortie de l’ACF avant janvier 1980, ce qui replace la date de mai 1980 comme objectif. La situation se dégrade en octobre 1974, puisque l’industrialisation ne peut plus débuter en 1975 et repousse la sortie de l’ACF à 1981. Toutefois, le programme se poursuit, le prototype ACF n° 02 est autorisé, les études des radars continuent, les choix techniques privilégiant la version de défense aérienne.


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